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Comparatif entre une Honda Deauville et une Enfield Diesel, ou une Deauville en Inde ?

Tout d'abord, honneur à "l'invitée" sur ce site :

Et hop, un petit tour en guise de récompense (pas à la poussette)... L'Enfield Diesel mis à ma disposition par J Denis (un ami de mes amis) possède le charme discret et désuet des motos des années 50 ; c'est une Bullet.

Manifestement, elle a été construite pour durer, et elle assure, car elle a environ 12 ans, et est presque fraiche comme au premier jour.

Remarquez sur les photos, le pare buffle (qui porte bien son nom en Inde), les sacoches en alu, la plaque d'immatriculation AV, et bien entendu son moteur diesel industriel monocylindre de 350 CC, refroidit par air, qui anime dans le monde entier, toutes sortes d'applications où une petit moteur fixe et thermique est nécessaire... (barques, pompes, groupes électrogènes etc).

A l'époque de la mondialisation, c'est une moto "très actuelle", car elle est d'origine anglaise et italienne (pour son moteur), et fabriquée en Inde, dans deux usines différentes.

Coté droit du moteur avec son antivol On oublierait presque que cette moto fonctionne au gasoil (sauf lors de son plein et quand elle fonctionne), car il n'y a pas d'odeur caractéristique et pas de suintement (huile ou de gasoil) au niveau de sa mécanique ; tout est nickel...

Le robinet d'arrivé de gasoil maneuvrable à clef (la seul clef de la moto), constitue le seul antivol de cette machine.





Coté droit ; notez le sélecteur à droite et le pare buffle En Inde les véhicules roulent (en principe !!!) à gauche ; cette moto a donc les commandes inversées par rapport aux nôtres (embrayage et sélecteur à droite, première en haut, les trois autres vitesse en bas, et le petit levier pour le retour direct au point mort).









Une des quatre Diesel vu pendant mon séjour en Inde Remarquez également sur cette moto "dans son jus", le marche pied latéral et le protège jupe (ou sari) pour madame, caractéristique essentielle de tous deux roues en Inde, qui sont dépourvus de sacoche, et le méga klaxon, indispensable en Inde.
Cette machine est de la même série que la machine essayée.
Le TN sur sa plaque AV est "Tamil Nadu", province de l'Inde du Sud où elle est immatriculée.







Sur le compteur lire 200mk Sur cette vue de son tableau de bord, remarquer l'ampèremètre issue des modèles essence, seul luxe qu'elle s'accorde.
Evidemment, point de clef de contact ni de totaliseur partiel, et le compteur n'indique pas les centaines ; cette moto a dépassé le cap des 200 mKms.
D'autre part, il n'y a pas de voyant de préchauffage, son moteur étant dépourvu d'un tel dispositif.







Une essence dans son jus Sur le plan esthétique, je préferre sa version essence (à cause de son moteur), mais la version Diesel a ce petit quelque chose d'indescriptible qui lui est propre, peut être parce qu'elle est quasi-unique au monde (et même rare en Inde).

J'ai eu beaucoup de plaisir a faire un petit tour avec cette Enfield Diesel

J Denis l'utilise pour ses besoins professionnels, en se rendant avec au moins une fois par semaine à Chennai (350Kms AR), parfois en duo, et retour la nuit.

Il a choisi cette version pour son économie, sa fiabilité légendaire (800MKms, encore mieux qu'une Deauville !!!), et son insensibilité à la pluie diluvienne qu'est la mousson. D'ailleurs, certain de son bon choix, il possède deux motos du même type : une est basée à Chennai et l'autre à Pondicherry (il est donc possible que la moto utilisée pour l'aller ne soit pas la même que celle utilisé pour le retour).

Certes, l'essai a été de courte durée (environ 500m dans les faubourgs calmes de Pondy), ce qui m'a tout de même permis d'avoir une première impression de cette machine ; un essai plus long était prévu sur route déserte et sûre, mais cela ne c'est pas réalisé faute de temps (peut être en 2009 ?), car J. Denis avait une charge de travail importante (et nous, nous étions en vacances).

Bien entendu, je n'avais ni casque ni équipement (comme tout le monde), et pas de permis valable, et là aussi, je ne devais pas être le seul dans ce cas ; l'essai s'est déroulé parmi les conducteurs indiens qui roulent à gauche (sauf à certaines intersections et dans les virages sans visibilité...) .

Pour agrémenter la difficulté, j'étais encore sous le coup du décalage horaire et de la différence de température avec la France (environ 25°C)....mais surtout, il fallait démarrer cette satanée machine (dès fois que je cale): et là, il faut avoir un sacré "coup de pied", bien que son moteur était encore chaud.

D'ailleurs, démarrer cette machine (et foutre le camp avec), c'est tout ce que devrait savoir faire un éventuel voleur qui serait cependant bien vite rattrapé, tant la machine est bruyante et facilement repérable ; en effet, cette moto ne dispose qu'en guise d'antivol, que le robinet à clef qui commande l'arrivée de gasoil (voir photo).

Séquence démarrage

Comment démarer cette satannée machine ???? Evidemment, il n'y a pas de démarreur électrique ; ce moteur démarre au Kick ; c'est sa plus grosse adaptation à la moto, car à l'origine, il était prévu pour démarrer à la ficelle :

- mettre la moto sur sa béquille centrale,

- se mettre sur le coté droit de la moto,

- mettre le contact : ce n'est pas la peine, cette moto en est dépourvu ,

- donner un léger coup de kick : le piston s'arrête automatiquement en début de sa compression,

- actionner le décompresseur situé sur la culasse du moteur (voir photo),

- donner plusieurs coups de kick pour lancer le villebrequin, judicieusement dosés et synchronisés avec son balourd, pour pouvoir passer la compression du piston,

- et après "ça pête" instantanément, malgré l'absence de dispositif de réchauffage, ou il faut tout recommencer ......

C'est beaucoup plus facile à décrire qu'à faire, car je m'y suis bien pris une dizaine de fois, avant de réussir à démarrer cette machine, puis faire un petit tour avec en guise de récompense (avec la bénédiction de J Denis qui jouait pendant ce temps, avec le chien de mon Ami.)

Gros plan sur le moteur, notez le levier du décompresseur Le moteur tourne lentement et très régulièrement ; c'est un diesel industriel monocylindre à échappement quasi libre (tout vient d'être dit, quant à ses conditions de fonctionnement).





Nota : Lors de notre voyage en Chennai en car (voir un prochain article), nous avons doublé cette moto avec J Denis (en duo) à ses commandes ; le car roulait à environ 80 km/h, j'en ai tiré des enseignements malgré mon très court essai.

A noter également que la veille de cet essai, un autre français m'avait gentiment proposé d'essayer son Enfield Essence de 35 ans qui revenait du Népal - je l'avais regardé avec délectation et nous étions dans le quartier français - mais n'étant pas sûr de moi pour les raisons déjà évoquées plus haut, j'ai préferé décliner cette généreuse offre, peut être qu'en 2009 ?

PS : Dans une prochain article, nous irons découvrir l'usine de Chennai où a été construite cette moto.

La Honda Deauville

Voici ma Deauville, prise en Corse en Septembre 2007 Je ne vais pas vous faire l'affront, ici même sur ce site, de vous d'écrire ce qu'est une Deauville ; la plupart d'entre vous la connaisse, puisqu'il en possède une (ou en ont possédé une) .....

Cependant, pour ceux qui ne connaitraient pas cette machine (mes amis par exemple), disons qu'une Deauville (Dov pour les sympathisants) est avant tout une moto "utilitaire" polyvalente ou de ballade, plutôt pilotée par des quinquagénaires ou plus, ou en voie de l'être.

C'est une moto de moyenne cylindrée (pour la France) qui fonctionne à l'essence, et qui a fait sa réputation sur son confort, sa fiabilité et le coté sécurisant de sa partie cycle ; ses performances (en France) passent au second plan ; elle se démarque ainsi du marché actuel.

La mienne a environ 6 ans ; elle possède donc le freinage couplé entre les roues avant et arrière.

Elle a donc servi de comparatif dans cet article, car c'est la seule Dov que j'ai pilotée jusqu'à présent.

Le Match Honda Deauville / Enfield Diesel

Les volumes

Compte tenu de son carénage et de ses sacoches intégrées, une Dov fait de prime abord "grosse moto" par rapport à l'Enfield.

Mais en regardant de plus près notre indienne, son pare buffle et ses grosses sacoches alu font qu'il y a quasi égalité sur leur volume ; c'est un peu comme une moto école de chez nous, bardée de ses protections, qui donne l'impression d'être plus grosse qu'elle est, en réalité.

Cependant, rouler avec une moto volumineuse et carénée comme la Dov serait un handicap en Inde ; l'Enfield, de ce coté, est donc mieux adaptée à son environnement, car son volume n'est constitué que par ses protections (la moto en fait se trouve à l'intérieur de ce périmètre, en toute sécurité).

Concernant leur poids, une Dov pèse 230 kG, et la Bullet 200 kG ; ce n'est pas un avantage en Inde, d'avoir une moto trop lourde ; elle est censée être moins maneuvrable.

Les performances

Une autre différence fondamentale entre ces deux machines, ce sont leur performance, avec un net avantage pour la Dov (55 Cv / 230 kg contre 23 Cv / 200kG).

Avec arme et bagage, et même en duo, une Dov peut rouler à 120/130km/h en vitesse de croisière sur autoroute.

Seulement, cette "vélocité" (qui en ferait peut être sourire plus d'un d'entre nous), n'est pas nécessaire en Inde.

En effet, rouler à 80/90 km/h sur les routes indiennes relèvent de l'exploit (ou de l'inconscience notable), non pas à cause du revêtement des routes qui est dans l'ensemble très correct (sauf sur certaines sections, où il est difficile de dépasser les 20 km/heure après la mousson), mais à cause des conditions de circulation où tout est permis sous couvert de grands coups de klaxon , et de la densité de circulation (dans une certaine mesure en rase campagne).

Sur la route, c'est la loi du plus gros qui prime, et les indiens au volant sont donc de véritable danger public, d'un calme irreffutable ; il y fort à parier que bons nombres d'entre nous, qui auraient eu la frayeur de leur vie au guidon de leur moto, en Inde, fassent demi tour pour courser et "s'expliquer" avec qui de droit
Colere...

80/90Km/h est la vitesse de croisière de l'Enfield, cette moto est donc parfaitement adaptée à son environnement, ce que serait moins vrai pour une Dov si elle se trouvait en Inde ; par contre une en France....

La mécanique

Ce qui distingue également une Deauville par rapport à la Bullet, c'est sa technologie (on ne rit toujours pas !!!!) : moteur - boite V2 650 CC à refroidissement liquide, démarreur électrique, arbre de transmission, boite 5, antivol électronique, poignées chauffantes...
Tout ceci n'existe pas en Inde, car toutes les motos sont des "basiques", dotées d'un moteur 4T refroidit par air et à transmission par chaine..(je n'ai pas vu de 2T).

Toute cette" technologie" a du bon en France, mais serait plutôt une source de problème en Inde, car ce qui prime avant tout là bas, c'est la simplicité, la fiabilité et le moins entretien possible (le rendement et les performances sont secondaires..).

Une moto très actuelle en Inde, une BAJAJ 135 CC En Inde, les motos font 100 - 150 CC, suffisantes pour transporter la famille (jusqu'à quatre personne dessus) ; les plus grosses cylindrées sont les Royal Enfield essence de 350 CC ; les 500 CC (et surtout les Diesel) sont rares car chères pour un Indien (les Diesel ne sont plus fabriqués depuis longtemps, plus de 10 ans ?).

Le seul avantage de la Dov par rapport à l'indienne est sa transmission par arbre ; c'est le talon d'achille de toutes les motos indiennes, car une chaine demande un minimun d'entretien.



La partie cycle

Net avantage de la Deauville qui freine, et même bien, ce qui n'est vraiment pas le cas pour son ancètre, qui ne possède que de bon ralentisseur.

C'est une qualité que doit posséder toute moto, où que l'on soit dans le monde.

Par ailleurs, la tenue de route de la Dov doit être bien supérieure à celle de la Bullet, mais je n'ai pas eu les moyens de le vérifier.

Le coté pratique

Du fait de sa relative fragilité au niveau de son carénage, et son volume, une Dov serait inadaptée en Inde ; par ailleurs, l'Inde étant un pays chaud, carénage et chaleur ne font pas bon ménage....

Le démarreur électrique est un plus indéniable de la Dov sur sa rivale, de même que la présence d'un antivol.

L'Enfield Diesel ne possède pas de préchauffage, ce qui occasionnerait des problèmes de démarrage de son moteur, dans un pays comme la France (il n'y a pas que ce problème pour le démarrage...)..

Pour finir, toutes deux sont très facile à prendre en main...

Consommation

Là, il n'y a pas photo, la Bullet consomme deux fois moins (et plus) que la Dov, et en plus, c'est du gas oil.

Vous n'êtes pas encore écoeuré par les temps qui courent : un plein, soit 12l de gasoil, pour plus de 600 kM, cela m'irait bien....

En Inde, un litre d'essence vaut environ 1 Euro, et le prix du gasoil est inférieur à celui de l'essence, une différence du même ordre de grandeur qu'en France...

Conclusions

En Inde, une Deauville serait donc inadaptée aux conditions de circulation, car trop volumineuse, fragile au niveau de son carénage, inadaptée au pays chaud, et difficile à entretenir...
Par ailleurs, elle ne pourrait être qu'importée, elle serait donc hors de prix...c'est peut être pour ces raisons que je n'en ai pas vu en Inde.

En France, la Bullet Diesel serait tout aussi inadaptée à nos conditions de circulation, car pénalisée par son freinage et ses performances...
Et que dire de son démarrage (quand il ne fait pas trop froid !!!) qui est un véritable incitation à ....bien réfléchir avant de l'utiliser...; par ailleurs, il y a fort à parier qu'elle ferait le délice de la maréchaussée, tant elle est bruyante (elle pétarade).

Certes, il existe quelques Enfield Essence en France (je n'en ai vu qu'une jusqu'à présent) ; soit elles ont été importées neuves légalement, soit elles ont plus de 25 ans (ce qui n'a rien d'exceptionnel pour une moto de ce type), et dans ce cas, elles peuvent être importées librement par leur propriétaire.

Le verdict de ce petit comparatif est donc égalité entre ces deux machines, car bien qu'étant foncièrement différente, chaque moto est bien adaptée à son environnement, et de plus difficilement importable.

En bref, l'Inde n'est pas la France et la France n'est pas l'Inde ; une manière élégante pour satisfaire les "Anglo/Italo/Indien" et les "Japo/Italo".


Merci à Jacques et à J Denis qui m'ont permis d'écrire cet article, par leurs actions respectives, et bienveillantes.

Alain

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