Creation du fichier /home/cyclurba/public_html/moto-gt.fr://moto-gt.fr/fichier/article_compteur.txt
Moto GT, la passion de la moto grand-tourisme entre amis
Dossiers > Pratique de la moto et pilotage

LA CONDUITE EN DUO

La conduite à deux en moto réclame quelques attentions, car les réactions de l'engin sont bien entendu impactées par l'ajout d'un passager.

1. La sécurité élémentaire.

Ce paragraphe s'adresse surtout lorsque l'on transporte des passagers novices. La première des précautions est d'expliquer à son "colis" les règles de base de la conduite moto, cela évitera des réactions imprévues de sa part.
J'explique par exemple toujours ce qui va se passer en virage, pourquoi on penche, comment travaillent les pneus. Je préviens que le freinage est plus efficace qu'en voiture même sans "tirer" dessus, et donc que l'on va sûrement se cogner les casques au début.
De même le passager va au freinage venir s'appuyer sur le pilote, que cela ne dérange en rien la conduite au contraire car on "sent" ainsi mieux le poids de l'attelage et qu'on dose en conséquence.Bien entendu lorsque l'on transporte des débutants, il est impératif d'avoir une conduite coulée : accélérations progressives, freinages idem. Si l'on veut que le passager s'acclimate vite, il faut lui laisser le temps de comprendre les réactions de la moto, pour progressivement savoir les anticiper et les accompagner.Il m'est arrivé voici quelques années de revenir de week-end avec mon épouse endormie en place arrière ! C'est le top de l'acclimatation à la moto !!Il est bon de convenir avec son (sa) passager(ère) de consignes simples :

Taper sur l'épaule du pilote si quelque chose ne va pas;
ne pas gesticuler en tous sens si l'on a vu quelque chose de spécial, mais plutôt faire signe dans notre champ de vision pour attirer notre attention sur ce que l'on souhaite nous montrer;
éviter de crier si l'on a laissé tomber un objet (ça nous fait peur pour rien);
etc.
Si l'on dispose d'un intercom, ces consignes sont plus simples, et se réduisent à un seul point : interdiction de crier !
Avant de partir en duo, on évitera soigneusement : les passagers en tongs, avec des écharpes ou foulards flottants, en vêtements permettant la capture d'insectes piqueurs, voire aussi sans vêtements en quantité suffisante.
Je ne transporte personne autrement que vêtu en pantalon, blouson à manches longues, chaussures fermées, et gants. Je n'ai pas de blouson ou de cuir pour toutes les tailles, mais à minima je fais protéger le maximum de ce qui est possible. Le plus gros danger est bien sûr la chute, et là il n'y a guère que le cuir pour éviter les brûlures. Mais en roulant, un impact avec un insecte, ou des gravillons est parfois douloureux, et est évitable en se couvrant ne serait-ce qu'avec un pantalon ou un blouson en jean.

Surtout : je vérifie avant le départ que le casque du passager est bien attaché !! Je ne démarre pas le moteur tant que mon passager n'est pas prêt. C'est la meilleure façon d'éviter de le presser et d'oublier ainsi un élément vital de sécurité.

2. Le roulage

La première conséquence évidente dès les premières secondes de la présence d'un passager est évidemment le poids accru de l'équipage. Il faudra donc être attentif aux réglages des suspensions et à la pression des pneus. Un amortisseur réglé trop mou, et la moto va "pomper" aux moindres bosses, rendant les trajectoires plus difficiles à contrôler. Idem avec une pression de pneus trop basses, qui peut entrainer une déformation de l'enveloppe, et un louvoiement de la moto.
Ne pas hésiter à durcir l'amortisseur quitte à perdre un peu en confort : comme nous n'avons pas de réglage pneumatique en roulant comme sur les grandes soeurs de la Deauville, autant être prêt si l'on rencontre subitement une portion de chaussée dégradée. Donc au départ, aux plus basses vitesses, une certaine inertie est perceptible : la mise en virage est un peu plus lente, il faut plus "envoyer" la moto sur l'angle. Une fois en virage, il faut surtout rester attentif au SURVIRAGE : le poids entraîne la moto vers l'intérieur.

Pour éviter cela, il faut garder une vitesse suffisante et donc veiller à ne pas trop ralentir après la mise sur l'angle. On dose le virage grâce à la poignée de gaz, et PAS AU FREIN si possible : risque de décélération brutale qui modifie la trajectoire. Au pire on utilise le frein arrière si besoin, plus progressif que l'avant. Attention au transfert des masses !!!La sortie de virage s'obtient alors naturellement en donnant un peu plus de gaz que d'habitude pour contrer le poids et la force centripète.Rappel de quelques notions simples de physique :

La force centrifuge tend à nous éjecter vers l'extérieur du virage.
Sa composante inverse qui équilibre les masses est la force centripète, obtenue en moto lorsque l'on penche l'engin vers l'intérieur du virage. Plus la vitesse d'entrée en courbe est élevée, plus l'angle de virage par rapport à la verticale doit être fort pour que les forces s'équilibrent et que la moto puisse tourner (sinon c'est le bac à sable !!).Donc la mise en virage est un poil plus délicate en duo qu'en solo, parce qu'en plus du poids on doit gérer les réactions du passager : s'il se penche trop il accélère le phénomène. Pas assez il retarde la mise sur l'angle. S'il gesticule une fois en courbe, cela perturbe la trajectoire.

On gère donc plus avec les gaz pour stabiliser le virage et le prolonger. Cela sera surtout sensible pour les courbes resserrées type rond-points, épingles à cheveux, bretelles de voies rapides...Quand j'évoque le transfert des masses, je parle de l'ensemble du poids moto+passagers. Par exemple, un freinage appuyé en ligne droite va écraser l'avant et générer un transfert sur la roue avant : c'est physique. Le carburant part vers l'avant du réservoir, le pilote plie les bras et penche aussi vers l'avant, le passager glisse sur la selle et s'écrase sur le pilote : le centre de gravité se déplace. Cela peut aller jusqu'au blocage de la roue avant. En solo on peut aussi délester la roue arrière (c'est ce que font les "stunter" poussé à l'extrême).
C'est pourquoi il faut bien anticiper l'entrée en virage : la décélération doit être suffisante pour une entrée en courbe propre, sur un filet de gaz. Si l'on freine trop tard et que l'on attrape les freins après la mise sur l'angle, cela complique les choses parce que le transfert des masses se fait trop tard : si on freine en virage, la moto aura tendance à se relever et à sortir du virage si l'on a trop de vitesse. A basse vitesse, le risque est inverse : casser l'élan, le poids nous entrainant alors du côté ou l'on penche.

3. Le comportement en place passager

Le comportement routier en général sera affecté par la présence d'un "corps étranger" en place arrière (mes excuses Mesdames pour ce raccourci). La position et le comportement de ce dernier jouent fortement sur le confort de conduite, sans pour autant affecter la sécurité. A chaque déplacement ou décalage entre pilote et passager, l'écoulement de l'air est perturbé. Donc l'équilibre de l'équipage est modifié et impose des actions correctices, notament au guidon. Ceci est accentué par la présence de poids dans le top case : donc privilégiez le chargement des valises latérales plutôt que le haut de la mot si cela est possible.Exemples :

Trop reculé sur la selle, et cela crée un espace entre pilote et passager qui peut engendrer des turbulences désagréables qui déstabilisent la moto. C'est d'autant plus net lorsqu'il y a un vent latéral, ou lorsqu'on double un camion;
inversement, trop "enlacé" et le pilote pert de sa mobilité et peut être gêné en cas de manoeuvre d'urgence (évitement empêché parce que les bras sont empêtrés, freinage raté parce bras fléchis avec le poids qui nous couche sur le réservoir,etc)
une passagère qui regarde toujours par dessus l'épaule du pilote crée des turbulences au niveau des casques (et puis le cheek to cheek avec le casque c'est bof !);
si le passager se penche un peu trop, cela crée non seulement des turbulences mais déplace les masses et donc déséquilibre la moto;
le déplacement du passager vers l'arrière ou un côté de la selle, modifie le centrage des masses avec un effet de levier d'autant plus fort que le poids du passager est important (vous remarquerez que j'ai dit "passager" ici ...).C'est pour cela qu'il faut être attentif en tant que pilote aux réactions de son invité(e). Si cela gesticule un peu trop, c'est qu'il est peut-être temps de faire une pause !J'espère que ces quelques points aideront les moins expérimentés.

Je n'hésiterai pas à compléter ces conseils de vos propres enseignements, afin d'apporter toute l'aide utile à ceux qui en auront besoin.


Article suivant: Par monts et par vaux dans le Morvan
Article précedent: Dullin - Gerzat par les départementales

Réagir, poser une questionProposer un articleS'abonner aux articlesConseiller l'article à un ami